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Isidore : ambitieux moteur de rééditorialisation et de recherche savante 

Stéphane Pouyllau

 

Isidore est une plateforme de recherche qui roule depuis 2010. Créée par Huma-Num et le centre pour la communication scientifique directe, cet imposant projet dépasse celui de la simple plateforme de recherche, comme on l'entend, par exemple, d'Erudit ou de Cairn. Au-delà de la collecte de données scientifiques, Isidore entend lier ces données aux publications scientifiques qui ont été faites sur elles afin de créer un réseau de publications et de matériaux de recherches sans égal sur le Web. 

 

Le projet d'Isidore est double. D'une part, Isidore est un outil de signalement des données, qui rassemble à la fois les publications des chercheurs et les sources utilisées par ces chercheurs. D'autre part, la plateforme propose un environnement de travail où les scientifiques peuvent s'entourer de matériaux bruts et de travaux établis sur ces matériaux bruts. Dans la mouvance des idéaux d'open access et de l'humanisme numérique, Isidore tente d'hybrider les publications scientifiques et un processus entier de recherche, de sélection de sources, etc. 

 

Lorsque Stéphae Pouyllau et son équipe imaginent Isidore, ils constatent un changement dans le cycle de vie de la production scientifique à l'époque actuelle : au-delà du « court », la durée de vie des publications est quasi-inexistante, perdue dans un flux constant d'informations et de nouvelles données. Autrefois, l'information arrivait au chercheur par monographie, par revue—par pallier. Maintenant, elle évolue en permanence, avec la constance de courant d'un fleuve. En sa qualité de méga-plateforme de recherche, Isidore tente de mettre un ordre, de tisser des liens dans ce flux afin d'offrir aux chercheurs un système public et gratuit de recommandations de lectures, qui viendrait remplacer les recommandations arbitraires et limitées d'un seul chercheur, d'un bibliothécaire ou même d'un compte Twitter. 

 

 

Isidore en bref : fonctionnement et données 

 

Le fonctionnement d'Isidore joue sur le fait suivant : un chercheur débute toujours sa recherche par des informations qu'il connaît. À partir de ces informations, la plateforme de recherche tisse des liens avec des publications, des auteurs, des ressources, des disciplines, des collections, des concepts, pour élargir de manière didactique et efficace la recherche du sujet. Cette complétion de l'information rappelle un champ sémantique crééé automatiquement, amenant au chercheur qui utilise Isidore de nouvelles pistes inexplorées, des associations inimaginées. 

 

La plateforme Isidore est triple, et elle rejoint ainsi un large public. Son site Web, sous la forme de moteur de recherche (et aussi disponible sur mobile), est intéressant pour les scientifiques et les étudiants. Son système API facilite le travail des spécialistes de l'information. Sa plateforme de collecte des métadonnées fournit quant à elle un index des informations accessibles, rendant aisée l'augmentation sémantique de l'information captée. Un travail de qualité sur la sélection des métadonnées offre à Isidore une plus-value par rapport à ses équivalents moteurs de recherche. Isidore devient à la fois une somme des connaissances, un flux d'information, mais aussi une source d'archivage et d'intégration Web. 

 

En mettant à profit le Web sémantique, Isidore rassemble et renvoie à des sites Web externes à son moteur de recherche, dont Cairn, Erudit, Revue.org. En plus d'élagir le nombre de ses sources, Isidore élargit ainsi son public aux utilisateurs (en particulier des étudiants) des autres moteurs de recherche. 

 

Open access et crédibilité des sources

 

 

Comme Larivière l'évoque dans ses conclusions, l'open access pose la question de la légitimation des sources : lorsque on élimine le travail de révision des pairs, comment peut-on s'assurer de la qualité du contenu d'un article scientifique ? C'est l'une des premières questions qui est posée à Pouyllau après son exposé. Il soutient que grâce à son travail de pédagogie par rapport aux données captées, Isidore sait d'où elles viennent et peut, par conséquent, garantir leur qualité. Qui plus est, le projet Isidore ne souhaite pas plus diffuser des publications déjà consacrées que de donner une visibilité à ceux qui ont de l'information à publier et aucun cadre pour le faire. 

 

La légitimation des publications, dit-il, doit se déplacer et se faire désormais a posteriori, ou bien par l'hybridation de la consécration par la revue et de la consécration par les lecteurs (nous rappelons que, grâce à des algorithmes comme PageRank, les articles les plus lus deviennent les plus visibles sur les moteurs de recherche, et donc les plus susceptibles d'être à nouveau lus—c'est une forme de consécration !). En référence à Larivière, Pouyllau cite à nouveau l'exemple d'arXiv, source open access d'information scientifique, qui cohabite depuis des années avec les revues scientifiques du même domaine, sans pour autant qu'elles se nuisent l'une l'autre. Il peut même en résulter des démarches intéressantes, comme celle de la comparaison des documents inédits (sous open access) et des documents révisés par les pairs, publiés dans les revues. 

 

Pistes et projets d'avenir

 

Au moment de la conférence, Isidore s'apprête à passer en phase 2 : le site Web se lance dans l'aventure du multilinguisme. Outre l'ambition de traduire en espagnol et en anglais les publications qu'elle possède déjà, et celle de rassembler des publications produites en ces deux langues, Isidore propose de croiser et de contextualiser ces sources, ce qui se fait très peu à l'heure actuelle, dans beaucoup de domaines des humanités.  

 

 

 

Stéphane Pouyllau (@spouyllau) est actuellement directeur-adjoint technique d’Huma-Num, la très grande infrastructure de recherche pour les humanités numériques. Il a codirigé la réalisation de la plateforme de recherche ISIDORE et est à l’initiative de MédiHAL (archive ouverte pour photographies et images scientifiques). En tant qu’ingénieur de recherche au CNRS, Stéphane Pouyllau est spécialiste en humanités numériques, en information scientifique et technique et en informatisation des données de la recherche en sciences humaines et sociales. [source]

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